Chronique Imm3moria
"Un petit split de temps en temps ne nuit a personne, cependant il est des splits qui se font grandement attendre, tel ce petit DESTROY TO CONQUER qui s’est targué de venir nous faire trépaner la tête a la hache rouillée (par un charcutier parkinsonien, cela s’entend) dès les doux relents du moi de fevrier… Pas de cul, l’underground étant rempli de surprises, ce triptyque en hommage à la destruction ne viendra nous rendre visite qu’en plein mois de juin. J’avoue avoir été surpris par mon facteur en train de me tailler les veines, mais ce dernier m’a sauvé, m’apportant un petit paquet estampillé SHOW ME YOUR TITS qui s’annonçait plein de bonnes choses.
Bon, ça y est, il est arrivé à bon porc (oops, léger lapsus) et après s’être fait violemment enfourné dans mon lecteur Cd, alors béant car en mal de nouveauté, c’est les ritals de GLEARGH (ne me demandez ni ce que ça veut dire, ni comment ça se prononce…) qui ont la lourde tache d’ouvrir le bal, et balancent sans pitié leur grindcore sauvage aux oreilles qui se montreraient trop audacieuses… Cela va surement vous étonner, mais le grind de nos amis d’Italie est gavé de blast a foison ! Dans la famille crade, sauvage, incontrôlé, ne cherchez plus : les GLEARGH maitrisent (pas) la chose plutôt bien. Dans une lignée tout aussi pleine d’inspiration et d’originalité, on retrouve un chant principal growlé, suivi par son fidèle palefrenier, beaucoup plus hurlé (mais alors beaucoup plus !) qui va même jusqu’a s’autoriser des roucoulements des plus gutturaux… Un gratteux bien nerveux qui nous balance des riffs tournoyants autour de nos têtes comme une couronne d’épine sur la tête d’un nazaréen fou. La basse n’échappe malheureusement pas a la malédiction en vigueur a notre époque : elle n’a pas droit a la parole, mais dans le tourment de type post-bombardement DCA, la pauvre n’aurait de toute façon même pas eu assez de voix pour s’entendre elle-même. Parce qu’il est vrai que les GLEARGH semblent avoir un léger problème différend avec des choses comme le Yoga, le Tai chi, le petit bruit du ruisseau qui coule entre les galets…Le karma a eux semble plutôt être taillé dans le bordel capharnaeumique a grande tendance post-WW III. Sous entendre blast incessants, lignes de chant éructées sans prendre conscience du bordel ambiant, grattes bien nerveuses et caisse claire fiévreuse !!
L’intérêt de la chose, c’est que ça vide foutriquement la tronche, mais ça manque un peu de groove, de break et autres mosh parts. On est plus dans un style typé PROTEST ou même un poil d’EMBOLISM avec un côté bien plus bourrin.
On revient dans vos vertes contrées, délaissant nonchalamment les italiens avec leurs problèmes de Mezzogiorno pour nous intéresser a notre progéniture bien de chez nous, puisque les RISING TERROR font partie des jeunes groupes UnderGround dont regorge notre jolie scène qui ne demandent qu’un petit bout de plastique irisé pour exprimer ce qui leur tient a cœur. Dans un registre plus lourd et plus carré, et surtout bien plus dirigé que la tornade passée juste avant, les RISING TERROR font office de petits NAPALM DEATH (voui… j’ai parfois des comparaisons légèrement hâtives mais bon…) avec leur petites intros rythmiques, leurs accélérations cataclysmiques, et leur amour pour la mosh parts en caramel, celle qui colle a l’hypophyse et donne envie de réécouter le morceau. Seule la voix fait bande à part, avec son timbre étouffé et de style « j’ai la gorge en mode pyrolyse intégrale » faut boire plus mon vieux ! Trèves de blagues débiles, cette petite voix criarde et poussée a son propre style, même si un peu de diversité pourrait soulager le pavillon interne de l’auditeur. Bien sur, l’ensemble des 7 titres est barbouillé de blast, mais pas du blast aveugle et poussif, des bon vieux blastbeatounets qui viennent se nicher dans une partie rythmique taillée a son égard.
L’ensemble passe bien, mais ne laisse pas une impression fracassante, bien que leur grind soit plutôt bien ficelé. Certes, 7 titres c’est très court, d’autant plus que la batterie mériterait d’être un peu plus gâtée niveau prod, mais je peux vous assurer que sur planches ça doit donner ! Un grind assez « travaillé » (léger oxymore…) qui ne manquera pas de séduire les oreilles les plus réticentes quant il aura grandi.
Mais qui voila, tapi dans l’ombre en fond de split, avec sa démo sous le bras et une envie manifestement irrépressive de tout foutre en l’air ? Mais c’est bien sur ! C’est nos nordistes de L.A.R.D.O.N !! Certes, avec un nom pareil, vous serez tenté de vous dire que ce groupe de… euh… musique (??) est la pour jouer au rigolo qui vient boucher les derniers sillons de la galette et bien vous vous flanquez le radius dans le globe oculaire jusqu'à la rotule gauche mon cher ami ! Loin de venir faire la potiche en guise de décoration, L.A.R.D.O.N vient ici nous pondre 9 titres de (euh……) grind bien bourrin qui arrache quand même bien sérieusement. Au menu : du Grindcore Brutal Extrem Crust noïze selon le combo une sorte de grind assez bruitiste selon moi. Certes, cette partie du split comporte son lot d’intros rigolotes (on peut entendre Daniel Prévost qui visite le charmant village de Moncuq dans le Lot) mais le grind bien barbare qui juxtapose ces tartines d’humour national français peut faire beaucoup moins sourire. Une voix bien poussée, moitié gruik moitié hurlée, avec de temps en temps des hurlements bien bestiaux que ne renierait pas SCD. La gratte est assez sous mixée, mais les riffs nerveux et teigneux du gratteux viennent tout de même couiner jusqu'à l’oreille de l’auditeur leurs douces élégies pour suicidaires en phase terminale (c’est à dire en train de faire le nœud). Mais de toute façon si la six cordes reste très discrète, c’est surtout que la batterie bouffe la moitié du spectre vomi par mes enceintes… En effet la batterie est très proche de ce que pourrait faire un LAST DAYS OF HUMANITY : un son sec et dissonant un peut comme sur « Putrefaction… » Mêmes les tempos sont parfois très proches des défunts goregrinders. La touche noisy vient aussi de cette légère saturation, ainsi que du son de la caisse claire si spécifique. Bref pour résumer, ça blaste vite et bien, dommage que le prod de la guitare nous prive un peu du surement délectable jeu de l’ami derrière le manche a six cordes.
Un très bon split, bien évidemment, (SMYT= qualité garantie) amis il serait bon de voir l’évolution de ces petits groupes qui se cherchent encore un petit peu… Reconduire ce même split d’ici quelques années pourrait être une bonne idée…"
Imm3moria par Worm Eater
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